Soirée spéciale Philippe de Broca en 1981 sur TF1
Soirée spéciale Philippe de Broca en 1981 sur TF1
TF1 propose une soirée spéciale Philippe de Broca, avec la diffusion du Roi de cœur, qui passe pour la troisième fois, suivi d’un portrait d’une heure. Le réalisateur revient sur son enfance, sur ses années d’apprentissage, notamment à l’armée, ce qui permet de voir au passage quelques extraits de Chiffonnard et Bonaloy, un court-métrage de 1954 avec Jean-Claude Brialy, qui était le sergent de Philppe de Broca, en Allemagne, avant le départ pour l’Algérie.
Le portrait montre également Philippe de Broca au travail, avec George Delerue et Gérard Brach, sur ce qui deviendra L’Africain. Ces images sont visibles dans les bonus Blu-Ray de L’Homme de Rio (pour Georges Delerue) et L’Africain(pour Gérard Brach).
Philippe de Broca et l’Afrique
Philippe de Broca et l’Afrique
En 1983, lorsqu’il fait la promotion de L’Africain, Philippe de Broca revient sur sa passion pour le continent africain, la préservation des espèces menacées et le futur projet de Chouans !.
« Je suis incapable de m’intéresser à un personnage que je n’aime pas, ce n’est pas par goût mais par dégoût. Je ne sais pas être satirique ni m’acharner sur le mauvais. Pourrais-je faire une comédie écologique, pourquoi pas ? C’est rare. Le sujet est plutôt grave. D’ailleurs tous mes scénarios sont le plus souvent sérieux tant qu’ils sont en gestation et au fur et à mesure qu’ils sont un film je ne sais pas comment ils deviennent drôles mais, c’est plus fort que moi, je désamorce la tristesse, la peur. Ça me vient tout seul.
Je veux bien essayer d’être moins gentil mais je vais surtout vers ce qui m’est le plus facile.
La notion du voyage, je l’ai dans la peau. Généralement, je me plonge dans des atlas, je me penche sur des mappemondes, des dictionnaires et des albums-photo et je choisis un point du globe. Paradoxalement, moins je le connais plus c’est facile de laisser courir mon rêve. Quand on veut raconter une histoire à ma façon, il est dangereux de pénétrer trop loin dans un pays. L’Afrique, justement je connais très bien et j’ai hésité longtemps avant d’y retourner. C’est un continent fascinant et tragique. Ce n’est peut-être pas très honnête de montrer une jungle de rêve (au Kenya, le foisonnement de paysages riches et de parcs naturels pour les animaux permet le plus beau spectacle). Mais ma philosophie, je n’en ai aucune d’ailleurs, c’est de faire des films faciles, ce qui n’est pas si facile. Je suis très sceptique sur les grands mouvements socio-politiques. Pourtant la défense de sa planète, c’est un soucis qu’on a tous au fond du cœur. Je suis membre d’une société internationale pour la défense des bêtes en voie d’extinction, comme les éléphants ou les rhinocéros. J’ai rencontré des gens étonnants qui consacrent leur vie à ça. Dans un prochain film, je parlerai d’eux, de ces émigrés installés loin, décalés dans le temps et l’espace, qui trimballent leur civilisation à l’autre bout du monde sans l’imposer. Ce en quoi ils ne sont pas des pionniers mais une race élitaire, un peu comme les personnages du Diable par la queue, ces aristocrates dans un château en ruines qui sauvent leurs traditions avec une formidable tolérance et une grande noblesse de caractère. J’irai peut-être faire ce film en Insulinde, quelque part entre Java et Bali ; toujours Conrad qui m’entraîne.
J’ai un autre projet, sédentaire celui-là ; sous la Révolution française, dans l’Ouest, je voudrais évoquer la nostalgie du XVIIIème siècle dont parlait Talleyrand et les nouveaux encyclopédistes qui traversent la guerre civile. Mais que j’aille à Bali, en Vendée, ou en Bretagne, que je tente d’être moins gentil, je crois qu’on ne tourne jamais qu’autour de son trou. Je reviendrai toujours vers les choses que je sais faire. Pour certains, cela s’appelle des tics, pour d’autres, c’est un style. »
Yann Moix à propos de Belmondo chez Philippe de Broca
Belmondo chez de Broca
par Yann Moix
Dans Le Point du 27 octobre 2016, le romancier Yann Moix compare le Belmondo de Jean-Pierre Melville à celui de de Broca : « Chez Melville, Belmondo s’ennuie davantage, son physique ne tient plus en place ; son corps, trop statique, n’en peut plus. On imagine à chaque plan, notamment dans Léon Morin, prêtre, qu’il va arracher sa soutane, et hurler un tonitruant « merde ». Il est corseté ; il est empêché. C’est un Bébel à l’étouffée. Chez de Broca, il reprend sa liberté, c’est un Jean-Paul qui respire, sans personne pour le dompter ou lui lancer des cacahouètes ; il s’arrache au texte, son corps reprend de la voix. L’Homme de Rio et Les Tribulations d’un Chinois en Chine qui sont les ancêtres d’Itinéraire d’un enfant gâté sont les meilleurs films de ce Marsupilami humain ».
Hommage à la cinémathèque Suisse
Hommage à la cinémathèque Suisse
La cinémathèque Suisse à Lausanne rend hommage à Philippe de Broca, en programmant 14 films, à partir du 4 décembre prochain :
Cartouche, Chouans, L’Africain, Le Cavaleur, Le Diable par la queue, Le Farceur, Le Magnifique, Le Roi de cœur, Les Jeux de l’amour, L’Incorrigible, L’Homme de Rio, On a volé la cuisse de Jupiter, Tendre poulet, Vipère au Poing. Horaires sur le site de la cinémathèque.
Philippe de Broca à propos de « Psy »
Philippe de Broca à propos de Psy
En 1980, l’actualité de Philippe de Broca tourne autour de Psy, son nouveau film avec Patrick Dewaere. Il répond ici aux questions de Luc Honorez pour le quotidien belge, Le Soir.
Philippe de Broca, si vous apports avec le grand public sont bons, l’accueil de la presse l’est souvent moins…
Est-ce que parce que je me suis spécialisée dans la comédie, un genre dit « mineur » ? Peut-être. Mais, que voulez-vous ? Pour moi, les choses dramatiques se transforment souvent en gags ! Mon regard sur le monde, dans mes films, est plutôt drôle, mais ce n’est pas pour cela que les données dramatiques sont gommées. Mais cela, on ne le voit pas… Quand je lis la presse, j’ai l’impression d’être une aspirine, celui qui efface le mal de tête !
Les critiques m’ont souvent blessé ! Surtout dans le cas du Roi du cœur, le film le plus proche de ma sensibilité. Sur un ton de comédie fantastique, j’y parlais de la bêtise de la guerre : la presse française n’a pas voulu le voir…
Alors qu’en Amérique, qui était alors en pleine guerre du Vietnam, cela a été parfaitement compris et Le Roi de cœur a été un grand succès.
Il y a, parfois, des recettes, des ficelles, dans vos films ?
Oui, mais les recettes ne sont qu’un mur sur lequel l’imagination rebondit. Pas de secret pour un film : il faut tomber sur le sujet que les gens attendent. C’est-à-dire, vu les délais de tournage, connaître l’air du temps avec un an d’avance. Pas facile.
Facile… Alors que certains de vos films, comme La Poudre d’escampette, je songe au personnage de Piccoli, touchent la sensibilité, d’autres comme Tendre poulet sont…. faciles.
Ils font partie de mes films vacances, ce que je tourne parce que je tourne parce qu’il est discourtois d’emmerder le spectateur. Cela dit, ils ont un fonction morale : ils sont un soir de fête ou d’oubli, comme vous voudrez
Votre cinéma fait toujours la part belle au scénario alors que vous et ceux de l’ancienne nouvelle vague avez mis au rancart des gens très narratifs comme Jeanson, Duvivier, Prévert, Carné, etc…
c’est plutôt Truffaut et Godard qui en voulaient à ces gens-là. Moi, dans Les Jeux de l’amour, je faisais dire par Cassel à un bavard : Fais pas ton Jeanson ! » Mais j’ai ôté cette scène. J’ai bien fait. Car, aujourd’hui, à cause de cette attitude de rejet, il n’y a plus – à part des types comme Dabadie qui en font trop – de véritables scénaristes de cinéma français. Ils ont été tués par le metteur en scène-dieu. Et c’est inquiétant.
Par contre, peu à peu, on voit naître une nouvelle génération d’acteurs.
Oui, les Lhermitte, Clavier, Auteuil, Bourseiller sont très bien. Il y a un jeune que je vous recommande : Jean-Pierre Darroussin, qui joue dans Psy et dans Celles qu’on n’a pas eues de Pascal Thomas. C’est un futur grand. J’ai envie de me frotter à cette nouvelle génération. Si je veux rester jeune d’esprit, je ne peux m’enfermer tout le temps avec mes sympathiques quinquagénaires : Jean Rochefort, Annie Girardot et Philippe Noiret.
Si l’on en juge par vos films, vous appréciez les femme !
Pour moi, la femme est le moteur essentiel du cinéma. Je ne peux pas imaginer que l’on puisse impressionner de la pellicule sans mettre des femmes dessus même si dans mon cas, il arrive que les femmes soient peu femmes-objets… Tiens, avez-vous remarqué Catherine Fort dans Psy ? Elle va faie parler d’elle.
Pourriez- vous filmer un scénario à l’encontre de vos sentiments ?
Je ne peux pas filmer des gens ou des choses qui me déplaisent. Je rêve d’un monde peuplé de bébés joufflus, de gens bons, de couchers de soleil magnifiques. Même s’il m’arrivait de faire un film politique, je montrerais des gens épatants, c’est dire ! Je suis donc un optimiste mais un optimiste angoissé parce que les choses ne sont jamais comme je les aimerais. Ce qui explique aussi certains de mes colères !
Vos projets ?
Retrouver l’écrivain-scénariste Daniel Boulanger pour un film sur la révolution française.
Marcel Dalio à propos de Philippe de Broca
Marcel Dalio à propos
de Philippe de Broca
Début 1961, le comédien Marcel Dalio est interviewé par la télévision, évoquant notamment ses souvenirs de tournage avec Jean Renoir et s’attarde sur la nouvelle génération de réalisateurs : « Je place de Broca… Je ne dis pas ça parce que je vais tourner avec lui.. Le contrat est signé, je ne lui dois rien (rires)… Donc je peux être franc. De Broca, c’est tout de même, à travers tous les films sombres que l’on voit, un peu de soleil. En sortant de tous ces films noirs, on a l’impression d’être dans un tunnel. On a l’impression en France que tout est noir… A travers de Broca, c’est le style français, c’est la clarté française, c’est la légèreté française…. Je le situe, dans son style, entre Beaumarchais et Marivaux. C’est un grand éloge que je lui fais, mais je pense que s’il continue, de Broca sera le premier réalisateur de toute la nouvelle génération. »
Marcel Dalio joue le rôle de Malichot dans Cartouche. Il sera à nouveau dirigé par Philippe de Broca, en 1965, dans Un monsieur de compagnie.
Philippe de Broca et le rêve américain
Philippe de Broca et le rêve américain
Fin 1975, Philippe de Broca qui vient de signer un nouveau succès avec L’Incorrigible, s’entretient avec Joe Van Cottom, le créateur de l’hebdomadaire Ciné Revue, et revient sur ses projets hollywoodiens.
Lorsque l’année dernière, nous nous sommes rencontrés à Hollywood, vous m’aviez dit que vous envisagiez de tourner aux États-Unis. Où en êtes-vous à ce sujet ?
Il y a longtemps que j’essaie de tourner un film aux États-Unis et cela pour plusieurs raisons. D’abord, parce que tout de même, Hollywood, c’est toujours quelque chose, ensuite parce que je m’exprime pas trop mal en anglais et enfin parce qu’il y a énormément de comédiens américains avec lesquels j’aimerais travailler. Malheureusement, jusqu’à présent, cela ne s’est pas concrétisé. Il est vrai que ce genre d’entreprise est beaucoup plus difficile à monter qu’on le suppose généralement.
Qu’est-ce qui vous a frappé le plus dans l’évolution du cinéma américain ?
Avant tout, et essentiellement même, son impitoyable violence. C’est du reste la raison pour laquelle j’aimerais réaliser un film en Amérique. Tout, pour moi, est parti du Roi de cœur qui a été un très gros succès en Europe et qui, aux États-Unis, est considéré comme un film d’art et d’essai. Lancé modestement dans une petite salle spécialisée, Le Roi de cœur a rapidement gagné en popularité au point qu’il a réalisé de très, très grosses recettes. Cela est dû au fait que mon Roi de cœur a été très favorablement reçu par la jeunesse et plus précisément, à l’époque, par les hippies. Bizarrement, ce conte de fées pour adultes a été accueilli aux États-Unis comme un film contestataire ! Depuis sa sortie, je suis relativement connu aux USA, surtout dans le monde du spectacle et ce qui est paradoxal, c’est que les Américains voudraient bien me confier un film mais sur un sujet qu’ils auraient précédemment choisi. J’avais l’intention de faire un film de commande basé sur la vie du Général Giraud. Mais, tout de même, cela ne m’aurait pas été facile car aux États-Unis, le fonctionnement n’est pas le même qu’en France. Le metteur en scène est davantage considéré comme un technicien que comme un auteur. Si je ne peux réaliser en Amérique le film que j’ai vraiment envie de faire, et j’ai plusieurs sujets en tête, j’aime mieux rester en France.
Vous avez vu des films comme L’Exorciste, French Connection, Le Parrain… ?
Ce qui me frappe, c’est que vous venez de citez trois films dont la base – comme tous les films à succès en dehors des productions Disney – est la violence non seulement physique mais aussi la violence des rapports entre les femmes et les hommes, les attirances, les affinités, les amitiés. On ne peut pas voir un film consacré à l’amitié entre deux hommes, même dans l’admirable L’Epouvantail, sans qu’à un moment donné ils s’affrontent et se cassent la gueule. La permanence de la violence est un des phénomènes les plus typiquement américains. Comme précisément, j’ai envie de tourner des films sur la douceur de vivre, la facilité des rapports entre les gens, bref des films plus positifs que négatifs, vous comprendrez que c’est là une des raisons pour lesquelles je ne parviens pas à tourner à Hollywood ! (…)
Pour en revenir au Roi de cœur, dont je vous parlais tout à l’heure, ce film a eu une carrière très curieuse. Artistes Associés qui l’avait produit et qui avait donc intérêt à ce qu’il soit vu par le plus grand nombre possible de spectateurs, a distribué le film aux États-Unis exactement comme tous les films dits classiques. Échec… Le Roi de cœur a ensuite été programmé à Boston, pas loin de l’Université de Harvard, pour une semaine. Il est à l’affiche depuis quatre ans ! Un distributeur l’a acheté et l’a lancé dans toutes les villes universitaires, où il a connu le même succès. On a commencé à parler de moi dans la presse, mon Roi s’est répandu dans un tas de salles, et, maintenant, il passe partout, absolument partout.
L’accueil critique de « L’Homme de Rio »
L’Accueil critique de L’Homme de Rio
Voici quelques critiques de la presse quotidienne qui rendaient compte de la sortie de L’Homme de Rio en 1964. Le film est sorti à Paris le 28 février 1964, le même jour que La Tulipe noire avec Alain Delon. Le film de Philippe de Broca fera 4,8 millions d’entrées, contre 3,1 millions pour celui de Christian-Jaque.
« Un Tintin à qui la gouaille et l’insolence seraient venus en même temps que le poil au menton »
« Pas un moment de répit dans l’action avec, en plus, un bon dialogue émaillé de constantes trouvailles et une interprétation excellente. Un régal de bon cinéma. »
« Intrigue délicieusement invraisemblable, émaillée de grosses malices et de clins d’œil au public, et menée sur un rythme décontracté… »
« Philippe de Broca et son plaisant complice, Daniel Boulanger trouvent cette fois une formule tout à fait neuve de film d’action »
« Tendre poulet » : le remake américain
« Tendre poulet » : le remake américain
Voici une curiosité autour de Tendre Poulet. Le film a été distribué dans quelques salles aux Etats-Unis en 1978, sous le titre Dear Inspector, avec d’excellentes critiques. L’idée est alors venue au producteur Dean Hargrove (Columbo, Matlock) d’en tirer une série télévisée, intitulée Dear Detective. Un pilote de 90 minutes qui reprend la trame du film de Philippe de Broca a été produit en 1979 avec l’actrice Brenda Vaccaro dans le rôle de l’inspecteur Kate Hudson et Arlen Dean Snyder en professeur. Quatre épisodes suivront avant que la série ne soit annulée faute d’audience…
Le pilote a été édité en VHS au début des années 80 chez Proserpine, qui a pour l’occasion monté une bande-annonce, que voici :