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Philippe de Broca à propos de « Psy »

Philippe de Broca à propos de Psy

En 1980, l’actualité de Philippe de Broca tourne autour de Psy, son nouveau film avec Patrick Dewaere. Il répond ici aux questions de Luc Honorez pour le quotidien belge, Le Soir.

Philippe de Broca, si vous apports avec le grand public sont bons, l’accueil de la presse l’est souvent moins…

Est-ce que parce que je me suis spécialisée dans la comédie, un genre dit « mineur » ? Peut-être. Mais, que voulez-vous ? Pour moi, les choses dramatiques se transforment souvent en gags ! Mon regard sur le monde, dans mes films, est plutôt drôle, mais ce n’est pas pour cela que les données dramatiques sont gommées. Mais cela, on ne le voit pas… Quand je lis la presse, j’ai l’impression d’être une aspirine, celui qui efface le mal de tête !
Les critiques m’ont souvent blessé ! Surtout dans le cas du Roi du cœur, le film le plus proche de ma sensibilité. Sur un ton de comédie fantastique, j’y parlais de la bêtise de la guerre : la presse française n’a pas voulu le voir…
Alors qu’en Amérique, qui était alors en pleine guerre du Vietnam, cela a été parfaitement compris et Le Roi de cœur a été un grand succès.

Il y a, parfois, des recettes, des ficelles, dans vos films ?
Oui, mais les recettes ne sont qu’un mur sur lequel l’imagination rebondit. Pas de secret pour un film : il faut tomber sur le sujet que les gens attendent. C’est-à-dire, vu les délais de tournage, connaître l’air du temps avec un an d’avance. Pas facile.

Facile… Alors que certains de vos films, comme La Poudre d’escampette, je songe au personnage de Piccoli, touchent la sensibilité, d’autres comme Tendre poulet sont…. faciles.

Ils font partie de mes films vacances, ce que je tourne parce que je tourne parce qu’il est discourtois d’emmerder le spectateur. Cela dit, ils ont un fonction morale : ils sont un soir de fête ou d’oubli, comme vous voudrez

Votre cinéma fait toujours la part belle au scénario alors que vous et ceux de l’ancienne nouvelle vague avez mis au rancart des gens très narratifs comme Jeanson, Duvivier, Prévert, Carné, etc…

c’est plutôt Truffaut et Godard qui en voulaient à ces gens-là. Moi, dans Les Jeux de l’amour, je faisais dire par Cassel à un bavard : Fais pas ton Jeanson ! » Mais j’ai ôté cette scène. J’ai bien fait. Car, aujourd’hui, à cause de cette attitude de rejet, il n’y a plus – à part des types comme Dabadie qui en font trop – de véritables scénaristes de cinéma français. Ils ont été tués par le metteur en scène-dieu. Et c’est inquiétant.

Par contre, peu à peu, on voit naître une nouvelle génération d’acteurs.

Oui, les Lhermitte, Clavier, Auteuil, Bourseiller sont très bien. Il y a un jeune que je vous recommande : Jean-Pierre Darroussin, qui joue dans Psy et dans Celles qu’on n’a pas eues de Pascal Thomas. C’est un futur grand. J’ai envie de me frotter à cette nouvelle génération. Si je veux rester jeune d’esprit, je ne peux m’enfermer tout le temps avec mes sympathiques quinquagénaires : Jean Rochefort, Annie Girardot et Philippe Noiret.

Si l’on en juge par vos films, vous appréciez les femme !
Pour moi, la femme est le moteur essentiel du cinéma. Je ne peux pas imaginer que l’on puisse impressionner de la pellicule sans mettre des femmes dessus même si dans mon cas, il arrive que les femmes soient peu femmes-objets… Tiens, avez-vous remarqué Catherine Fort dans Psy ? Elle va faie parler d’elle.

Pourriez- vous filmer un scénario à l’encontre de vos sentiments ?
Je ne peux pas filmer des gens ou des choses qui me déplaisent. Je rêve d’un monde peuplé de bébés joufflus, de gens bons, de couchers de soleil magnifiques. Même s’il m’arrivait de faire un film politique, je montrerais des gens épatants, c’est dire ! Je suis donc un optimiste mais un optimiste angoissé parce que les choses ne sont jamais comme je les aimerais. Ce qui explique aussi certains de mes colères !

Vos projets ?
Retrouver l’écrivain-scénariste Daniel Boulanger pour un film sur la révolution française.


Marcel Dalio à propos de Philippe de Broca

Marcel Dalio à propos
de Philippe de Broca

Début 1961, le comédien Marcel Dalio est interviewé par la télévision, évoquant notamment ses souvenirs de tournage avec Jean Renoir et s’attarde sur la nouvelle génération de réalisateurs : « Je place de Broca… Je ne dis pas ça parce que je vais tourner avec lui.. Le contrat est signé, je ne lui dois rien (rires)… Donc je peux être franc. De Broca, c’est tout de même, à travers tous les films sombres que l’on voit, un peu de soleil. En sortant de tous ces films noirs, on a l’impression d’être dans un tunnel. On a l’impression en France que tout est noir… A travers de Broca, c’est le style français, c’est la clarté française, c’est la légèreté française…. Je le situe, dans son style, entre Beaumarchais et Marivaux. C’est un grand éloge que je lui fais, mais je pense que s’il continue, de Broca sera le premier réalisateur de toute la nouvelle génération. »

Marcel Dalio joue le rôle de Malichot dans Cartouche. Il sera à nouveau dirigé par Philippe de Broca, en 1965, dans Un monsieur de compagnie.


Philippe de Broca et le rêve américain

Philippe de Broca et le rêve américain

Fin 1975, Philippe de Broca qui vient de signer un nouveau succès avec L’Incorrigible, s’entretient avec Joe Van Cottom, le créateur de l’hebdomadaire Ciné Revue, et revient sur ses projets hollywoodiens.

Lorsque l’année dernière, nous nous sommes rencontrés à Hollywood, vous m’aviez dit que vous envisagiez de tourner aux États-Unis. Où en êtes-vous à ce sujet ?
Il y a longtemps que j’essaie de tourner un film aux États-Unis et cela pour plusieurs raisons. D’abord, parce que tout de même, Hollywood, c’est toujours quelque chose, ensuite parce que je m’exprime pas trop mal en anglais et enfin parce qu’il y a énormément de comédiens américains avec lesquels j’aimerais travailler. Malheureusement, jusqu’à présent, cela ne s’est pas concrétisé. Il est vrai que ce genre d’entreprise est beaucoup plus difficile à monter qu’on le suppose généralement.

Qu’est-ce qui vous a frappé le plus dans l’évolution du cinéma américain ?
Avant tout, et essentiellement même, son impitoyable violence. C’est du reste la raison pour laquelle j’aimerais réaliser un film en Amérique. Tout, pour moi, est parti du Roi de cœur qui a été un très gros succès en Europe et qui, aux États-Unis, est considéré comme un film d’art et d’essai. Lancé modestement dans une petite salle spécialisée, Le Roi de cœur a rapidement gagné en popularité au point qu’il a réalisé de très, très grosses recettes. Cela est dû au fait que mon Roi de cœur a été très favorablement reçu par la jeunesse et plus précisément, à l’époque, par les hippies. Bizarrement, ce conte de fées pour adultes a été accueilli aux États-Unis comme un film contestataire ! Depuis sa sortie, je suis relativement connu aux USA, surtout dans le monde du spectacle et ce qui est paradoxal, c’est que les Américains voudraient bien me confier un film mais sur un sujet qu’ils auraient précédemment choisi. J’avais l’intention de faire un film de commande basé sur la vie du Général Giraud. Mais, tout de même, cela ne m’aurait pas été facile car aux États-Unis, le fonctionnement n’est pas le même qu’en France. Le metteur en scène est davantage considéré comme un technicien que comme un auteur. Si je ne peux réaliser en Amérique le film que j’ai vraiment envie de faire, et j’ai plusieurs sujets en tête, j’aime mieux rester en France.

Vous avez vu des films comme L’Exorciste, French Connection, Le Parrain… ?
Ce qui me frappe, c’est que vous venez de citez trois films dont la base – comme tous les films à succès en dehors des productions Disney – est la violence non seulement physique mais aussi la violence des rapports entre les femmes et les hommes, les attirances, les affinités, les amitiés. On ne peut pas voir un film consacré à l’amitié entre deux hommes, même dans l’admirable L’Epouvantail, sans qu’à un moment donné ils s’affrontent et se cassent la gueule. La permanence de la violence est un des phénomènes les plus typiquement américains. Comme précisément, j’ai envie de tourner des films sur la douceur de vivre, la facilité des rapports entre les gens, bref des films plus positifs que négatifs, vous comprendrez que c’est là une des raisons pour lesquelles je ne parviens pas à tourner à Hollywood ! (…)

Pour en revenir au Roi de cœur, dont je vous parlais tout à l’heure, ce film a eu une carrière très curieuse. Artistes Associés qui l’avait produit et qui avait donc intérêt à ce qu’il soit vu par le plus grand nombre possible de spectateurs, a distribué le film aux États-Unis exactement comme tous les films dits classiques. Échec… Le Roi de cœur a ensuite été programmé à Boston, pas loin de l’Université de Harvard, pour une semaine. Il est à l’affiche depuis quatre ans ! Un distributeur l’a acheté et l’a lancé dans toutes les villes universitaires, où il a connu le même succès. On a commencé à parler de moi dans la presse, mon Roi s’est répandu dans un tas de salles, et, maintenant, il passe partout, absolument partout.


L’accueil critique de « L’Homme de Rio »

L’Accueil critique de L’Homme de Rio

Voici quelques critiques de la presse quotidienne qui rendaient compte de la sortie de L’Homme de Rio en 1964. Le film est sorti à Paris le 28 février 1964, le même jour que La Tulipe noire avec Alain Delon. Le film de Philippe de Broca fera 4,8 millions d’entrées, contre 3,1 millions pour celui de Christian-Jaque.

« Un Tintin à qui la gouaille et l’insolence seraient venus en même temps que le poil au menton »

« Pas un moment de répit dans l’action avec, en plus, un bon dialogue émaillé de constantes trouvailles et une interprétation excellente. Un régal de bon cinéma. »

« Intrigue délicieusement invraisemblable, émaillée de grosses malices et de clins d’œil au public, et menée sur un rythme décontracté… »

« Philippe de Broca et son plaisant complice, Daniel Boulanger trouvent cette fois une formule tout à fait neuve de film d’action »


« Tendre poulet » : le remake américain

« Tendre poulet » : le remake américain

Voici une curiosité autour de Tendre Poulet. Le film a été distribué dans quelques salles aux Etats-Unis en 1978, sous le titre Dear Inspector, avec d’excellentes critiques. L’idée est alors venue au producteur Dean Hargrove (Columbo, Matlock) d’en tirer une série télévisée, intitulée Dear Detective. Un pilote de 90 minutes qui reprend la trame du film de Philippe de Broca a été produit en 1979 avec l’actrice Brenda Vaccaro dans le rôle de l’inspecteur Kate Hudson et Arlen Dean Snyder en professeur. Quatre épisodes suivront avant que la série ne soit annulée faute d’audience…

Le pilote a été édité en VHS au début des années 80 chez Proserpine, qui a pour l’occasion monté une bande-annonce, que voici :


Georges Delerue parle de Philippe de Broca

Georges Delerue parle
de Philippe de Broca

Le 24 mai 1980, George Delerue est l’invité de Pierre Tchernia dans l’émission Monsieur cinéma. Il vient de remporter l’Oscar de la meilleure musique et revient notamment sur sa collaboration avec Philippe de Broca (à 3 min 30). «Philippe de Broca est un des réalisateurs qui attache à la musique. Souvent, j’écris des thèmes avant le tournage. Pas du tout parce qu’il a besoin de playback, simplement parce qu’il a envie d’avoir un climat musical au moment du tournage… »


Projets de films

Projets de films

Comme beaucoup de réalisateurs, Philippe de Broca a travaillé sur des films qui n’ont jamais vu le jour.
En 1964, alors qu’il termine Un Monsieur de Compagnie, et s’apprête à partir en Asie pour y tourner Les Tribulations d’un chinois en Chine, Philippe de Broca évoque deux projets qui lui tiennent à cœur, l’adaptation des Voyageurs de l’impériale de Louis Aragon et un film sur le suicide.

« Souvent, je le répète, un livre se prête mal à la transposition cinématographique. Il constitue un carcan. Mais, s’agissant de l’ouvrage d’Aragon, je pense que le carcan serait léger à porter. Comme il l’a été, j’imagine, pour le réalisateur du Guépard, cet admirable film presque muet. Peut-être d’autres romans me séduiraient-ils. Mais j’avoue que je lis peu. Il n’est guère que trois auteurs de ce siècle que je connaisse bien : Radriguet – mais l’effort n’a pas été grand ! – Céline et Aragon.

J’envisage également un film sur le suicide avec Dalio dans le rôle principal. Ce sera l’histoire d’un homme sans réussite, et dont le suicide seul se révélera être à la hauteur de ses rêves de puissance. L’acte par lequel un être met fin à ses jours fait partie de ma conception de la liberté. Il représente même, à mes yeux, le summum du libre-arbitre. C’est un aboutissement qui me paraîtrait logique, si par malheur je devais un jour perdre pied dans ma profession. »

Source : Figaro Littéraire. 1964


Philippe de Broca à propos de « Chère Louise » (vidéo)

Philippe de Broca
à propos de « Chère Louise »

De passage à Carcassonne en 1990, alors que sort un livre collectif consacré à son œuvre (éditions Henri Veyrier), Philippe de Broca parle de l’échec de Chère Louise, tandis que Philippe Noiret évoque une anecdote du tournage de L’Africain.


Interview de Philippe de Broca à propos des « 1001 Nuits » (vidéo)

Interview de Philippe de Broca
à propos des « 1001 Nuits »

Le 11 avril 1990, à l’occasion de la sortie des 1001 nuits dans les salles françaises,Philippe de Broca s’exprimait à la télévision et revenait sur ses motivations au cinéma : « Pendant longtemps, j’ai fait des films en pensant qu’il ne fallait pas que je choque ma maman, mais aujourd’hui, je ne veux pas choquer mes enfants. Mais au fond, c’est mon tempérament. Je n’aime pas l’érotisme, je n’aime pas la violence, et alors, il me reste le rire. »


Autour du « Paris de Michel Audiard »

Michel Audiard et Philippe de Broca

Le livre Le Paris de Michel Audiard, paru aux Editions Parigramme, consacre plusieurs pages à L’Incorrigible et à Tendre Poulet, deux des quatre collaborations entre Michel Audiard et Philippe de Broca. Rencontre avec l’auteur Philippe Lombard.

D’où vient l’idée du livre ?

De l’éditeur Parigramme. J’avais soumis un projet sur Jean Gabin et Paris, mais ils cherchaient quelqu’un pour écrire « Le Paris de Michel Audiard ». J’ai sauté sur l’occasion. J’adore Audiard et son cinéma, j’avais déjà écrit un petit livre sur « Les Tontons flingueurs » et je connaissais sa vie, ses liens avec la capitale.

Comment ou pourquoi Audiard et de Broca ont-ils commencé à travailler ensemble ?

Cela a failli se produire au début des années 1960. Le producteur Bob Amon avait suggéré à de Broca de collaborer avec le dialoguiste à la casquette. Mais influencé par la Nouvelle Vague et sous l’influence intellectuelle – de son propre aveu – de Truffaut et Chabrol, il a refusé. En 1975, le même Amon lui dit que Audiard est au fond du trou et que c’est le bon moment pour travailler avec lui. En effet, à cette époque, Audiard croule sous les dettes, ses derniers films en tant que réalisateur n’ont pas marché. De Broca a changé d’avis sur lui et accepte.

C’était pour L’Incorrigible ?

Oui, un film sur le mensonge, destiné à l’origine à Lino Ventura. Ils sont partis à Dourdan chez Audiard, qui a dit à de Broca : « On va parler un jour ou deux pour voir si ça colle entre nous. » Et ça a collé ! Même si pendant l’écriture, un événement tragique s’est produit et pas des moindres : la mort dans un accident de voiture de François, le fils d’Audiard. Philippe a voulu se retirer mais Michel l’a obligé à rester et à continuer le travail. Et c’est un des films les plus drôles d’Audiard…

Ont-ils la même vision de Paris ?

Je pense, oui. Ils n’adorent pas les lignes droites, la modernité, les grands ensembles. Le Paris de Tendre poulet, par exemple, est très « ancien », typique, les planchers craquent, les peintures s’écaillent, on trouve des pharmacies d’autrefois, des usines abandonnées… La caméra se déplace dans l’amphithéâtre de la Sorbonne, au quai des Orfèvres, à la salle Wagram, rue Mouffetard…

Quel est le film du duo que vous préférez ?

J’ai une affection toute particulière pour Tendre poulet avec Philippe Noiret et Annie Girardot. C’est drôle parce que Audiard définissait à la sortie le film comme une « tragi-comédie-sentimentalo-policière-à-suspense-souriant ». C’est exactement ça !


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