Autour du « Paris de Michel Audiard »
Michel Audiard et Philippe de Broca
Le livre Le Paris de Michel Audiard, paru aux Editions Parigramme, consacre plusieurs pages à L’Incorrigible et à Tendre Poulet, deux des quatre collaborations entre Michel Audiard et Philippe de Broca. Rencontre avec l’auteur Philippe Lombard.
D’où vient l’idée du livre ?
De l’éditeur Parigramme. J’avais soumis un projet sur Jean Gabin et Paris, mais ils cherchaient quelqu’un pour écrire « Le Paris de Michel Audiard ». J’ai sauté sur l’occasion. J’adore Audiard et son cinéma, j’avais déjà écrit un petit livre sur « Les Tontons flingueurs » et je connaissais sa vie, ses liens avec la capitale.
Comment ou pourquoi Audiard et de Broca ont-ils commencé à travailler ensemble ?
Cela a failli se produire au début des années 1960. Le producteur Bob Amon avait suggéré à de Broca de collaborer avec le dialoguiste à la casquette. Mais influencé par la Nouvelle Vague et sous l’influence intellectuelle – de son propre aveu – de Truffaut et Chabrol, il a refusé. En 1975, le même Amon lui dit que Audiard est au fond du trou et que c’est le bon moment pour travailler avec lui. En effet, à cette époque, Audiard croule sous les dettes, ses derniers films en tant que réalisateur n’ont pas marché. De Broca a changé d’avis sur lui et accepte.
C’était pour L’Incorrigible ?
Oui, un film sur le mensonge, destiné à l’origine à Lino Ventura. Ils sont partis à Dourdan chez Audiard, qui a dit à de Broca : « On va parler un jour ou deux pour voir si ça colle entre nous. » Et ça a collé ! Même si pendant l’écriture, un événement tragique s’est produit et pas des moindres : la mort dans un accident de voiture de François, le fils d’Audiard. Philippe a voulu se retirer mais Michel l’a obligé à rester et à continuer le travail. Et c’est un des films les plus drôles d’Audiard…
Ont-ils la même vision de Paris ?
Je pense, oui. Ils n’adorent pas les lignes droites, la modernité, les grands ensembles. Le Paris de Tendre poulet, par exemple, est très « ancien », typique, les planchers craquent, les peintures s’écaillent, on trouve des pharmacies d’autrefois, des usines abandonnées… La caméra se déplace dans l’amphithéâtre de la Sorbonne, au quai des Orfèvres, à la salle Wagram, rue Mouffetard…
Quel est le film du duo que vous préférez ?
J’ai une affection toute particulière pour Tendre poulet avec Philippe Noiret et Annie Girardot. C’est drôle parce que Audiard définissait à la sortie le film comme une « tragi-comédie-sentimentalo-policière-à-suspense-souriant ». C’est exactement ça !